Archive pour le 20 mai 2011
Une goutte d’eau dans cet océan de malheur.
Dans les environs de Sangkhlaburi ainsi que tout le long des frontières birmanes et thaïlandaises sont réfugiées de nombreuses ethnies de Birmanie, tels les Karens, les Môns, Les Lahus, etc. Les Karens sont, selon la plupart des historiens, les premiers à s’être implantés dans les terres devenues aujourd’hui la Birmanie. Peuple de la terre, les karens vivaient simplement, en harmonie avec la nature. Avec l’arrivée des Môns puis des Birmans, leur destinée s’est transformée petit à petit en véritable enfer. Le féodalisme birman a anéanti toutes les autres nationalités dans le pays et ce n’est que durant la période de l’impérialisme britannique que certaines ethnies, dont les karens, ont pu retrouver un semblant de vie par exemple, l’accès à l’éducation. Lors de la 2e guerre mondiale, les Japonais aidés par le BIA (Armée de l’Indépendance Birmane) ont envahi la Birmanie et ont aidé le BIA à massacrer la population karen supposée être une collaboratrice britannique. Lors du retrait britannique et de l’indépendance de la Birmanie en 1948, les karens ont demandé à pouvoir être reconnus comme nation indépendante, ce qui leur a été refusé. Dès lors, cette ethnie est constamment violentée, les gens sont déplacés, utilisés par la junte militaire au pouvoir, torturés et tués sans qu’aucune nation étrangère n’intervienne.
Les populations tentent de fuir le pays et se réfugient en terre thaïlandaise où elles sont souvent exploitées dans les plantations d’hévéas par de gros propriétaires thaïlandais pour de maigres salaires et un avenir incertain. Les karens vivent dans des villages souvent perdus dans la jungle, dans de simples cahutes de bambou, sans eau ni électricité et subviennent à leurs besoins grâce à leurs connaissances ancestrales en la terre et ses ressources. Ils ne bénéficient que rarement d’un système éducatif et ne peuvent se projeter dans l’avenir, la citoyenneté thaïlandaise leur étant refusée.
L’avenir des enfants de ces populations exilées reste bien sombre et leur nombre risque d’augmenter de plus en plus, au vu de la dictature birmane. De nombreuses associations essaient de leur venir en aide, mais le problème semble insoluble tant que la junte militaire birmane restera au pouvoir et que les diverses ethnies ne seront pas reconnues et continueront à être opprimées. Nous avons eu la chance de rencontrer une infime partie de ces personnes exilées par l’entremise de Pierre et Wan et avons profité de leur apporter certains produits de première nécessité ainsi que du matériel scolaire…Une goutte d’eau dans cet océan de malheur.