Thaïlande – 23/04/2011 –
La Thaïlande est entourée par la Malaisie, la Birmanie, Le Laos et le Cambodge. Le pays compte 77 provinces, de plus en plus indépendantes dans leur gestion économique, les chefs de district n’étant plus tenu de se référer à Bangkok à chaque décision. La Thaïlande compte 53 ethnies montagnardes réparties principalement dans le nord du pays dont de nombreuses ethnies minoritaires réfugiées de Birmanie et parfois réparties en camps le long de la frontière. Chaque ethnie a ses propres us et coutumes. Cette diversité culturelle,- modes de vie, habillement, constructions, coutumes, agriculture-, enrichi la Thaïlande déjà forte de sa richesse naturelle, soit d’une faune et d’une flore infinie. La religion majoritaire est le bouddhisme et les temples et les moines présents en Thaïlande nous semblent infinis. Nous parcourons durant 2 mois et demi le Nord de la Thaïlande et visitons autant de sites et de temples grandioses que d’espaces vierges et magnifiques, découvrons un nombre d’insectes illimité, une flore diversifiée et plus où moins préservée, une population accueillante, culturellement diversifiée ainsi qu’une culture bouddhique qui nous plaît énormément. La Thaïlande est un pays qui se visite facilement, un pays qui oscille entre modernité et valeurs ancestrales, entre métropoles et villages ruraux, entre zones urbaines et jungle des plus denses, entre pureté et décadence aussi, même si cette dernière reflète avant tout l’attitude perverse des occidentaux à la recherche de plaisirs interdits. Si cet aspect de la Thaïlande n’est qu’un ( assez gros) point noir qui ne saurait ternir cet océan de beauté, il révèle une dure et triste réalité et nous laisse parfois avec un goût amer dans la bouche …
Récit de voyage
Nous arrivons en Thailande par la frontière de Pradang Besar, au sud ouest du pays. Nous dévorons les kilomètres et ne visitons que le petit village de pêcheurs de Prachuap Khirikhan.
Sa crique parsemée de vieux bateaux colorés aux filets de pêche suspendus latéralement sur fond de petites îles et son temple perché investit de singes forment l’attrait principal de ce joli village authentique.
Nous nous rapprochons enfin de Hua Hin où nous allons retrouver la famille Bosnjak, nos amis de St-George. Nous nous offrons une semaine balnéaire en leur compagnie. Que du bonheur. Piscine, mer de Chine qui nous donne l’impression de goger dans un vrai bouillon (29°), apéros et bavardages.
Une vraie clic de nababs. Nous allons faire notre marché et déambuler dans les rues encombrées d’Hua Hin le soir, dégustons la cuisine Thaï et visitons le parc naturel de Khao Sam Roi Yot et ses grottes. Le seul attrait d’Hua Hin et de sa plage est, à nos yeux, la famille Bosnjak ! Bref, si nous ne sommes pas sous le charme de l’endroit, nous savourons la rencontre programmée.
Cette longue pause nous a tellement déconnectés de notre mode de vie nomade que nous mettrons deux jours à nous remettre dans le bain.
Nous remontons vers le centre, direction Bangkok pour visiter le charmant village typiquement thaïlandais d’ Amphawa. Le village connu pour son marché flottant du week-end s’étend le long du canal central. De multiples canaux s’entrecroisent bordés de pagodes entourées d’une végétation diversifiée et dense. La jungle se rappelle à nous sous la forme d’un magnifique reptile de belle envergure et nous renouvelons la consigne d’or ici : on marche sur le dur et jamais dans les hautes herbes des bas-côtés. Nous visitons plusieurs temples magnifiques dont le Wat Amphawan Chetiyaram réputé pour ses splendides fresques, et prenons le temps d’une petite navigation sereine sur les canaux. La nuit sera très chaude et même la mer de Chine et ses 29 degrés nous manquent.
Nous remontons vers Nakhon Pathom visiter le chedi Phra Pathom qui s’élève à 127 mètres, ce qui en fait le plus haut monument bouddhiste du monde.
Nous quittons Nakhon Pathom pour nous rendre à Kanchanaburi, voir le pont de la rivière Kwaï, ses musées et remonter la province jusqu’à Sankghlaburi, dernier village avant d’entreprendre le col des Trois Pagodes menant à la Birmanie.
Si nous ne sommes pas vraiment impressionnés par le pont en lui-même (mais nous le serons par son histoire) en revanche, nous sommes touchés par la joie de vivre de ces enfants-moines qui semblent avoir envie avant tout de s’amuser et d’oublier un peu la rigueur de la prière et de la vie monacale qu’ils vivent au quotidien. Nous partageons un bon moment avec eux, sans avoir besoin ni de dictionnaire, ni d’anglais, ni même de parler…Comme quoi le rire et la joie de vivre forment un langage international!
Nous arrivons à Sankghlaburi dans l’après-midi, après avoir emprunté la 323 sur 240 kilomètres de pur bonheur, entrecoupés par la visite du Temple du Tigre. Ce temple, jadis appelé Temple de la Forêt, recueillait les chiens blessés jusqu’au jour où des villageois amenèrent un bébé tigre dont la mère avait été abattue par les braconniers. D’autres tigres trouvèrent refuge dans ce havre de paix par la suite et ainsi naquit le Temple du Tigre. Les tigres actuels tous nés au temple sont « domestiqués ». Dès leur plus jeune âge les bébés tigres sont en contact journalier avec les hommes. Ces derniers jouent avec eux, leur donnent le biberon, les promènent etc. Si le site est effectivement très touristique et que certaines démonstrations sont à discuter (promenade du tigre à la queue leue-leue pour les photos), la visite en vaut la peine ne serait-ce que pour les activités proposées avec les bébés et les tigres de 8 mois.
Les bénévoles étrangers avec qui nous avons parlés, là pour le plaisir de travailler avec ces animaux et parfaire leurs connaissances animalières dans un but professionnel, nous ont bien éclairés sur la qualité des soins apportés. Les animaux ne sont ni drogués, ni maltraités. Et ça se voit. Ils pètent le feu et la visite permettant de caresser les tigres sous « haute surveillance », ne peut s’effectuer qu’entre 13h30 et 15h30, heures durant lesquelles les animaux sont au repos (ils ont mangés, se sont promenés, se sont défoulés dans l’espace prévu à cet effet et ce sont les heures les plus chaudes de la journée). Afin de limiter les risques, les tigres sont nourris uniquement avec des volailles cuites et n’auront ainsi jamais connu le goût du sang. Jouer et nourrir des tigres de quelques mois était un moment magnifique et même s’il y a des choses à redire sur cette « institution du tigre », nous pensons que c’est de toute façon bien mieux qu’une visite au zoo, ou au cirque. De plus, ce temple se targue de vouloir réintroduire des tigres à l’état sauvage et créer une réserve, protégeant cette race en danger. Ce qui ne fait pas que des adeptes, évidemment.
La 323 nous emmène ensuite aux sources chaudes de Hin Dat où nous passons une nuit tranquille après s’être relaxés dans les sources bouillantissimes et rafraîchis dans les eaux terreuses de la rivière adjacente. Le matin, des bus de Russes débarquent et envahissent la place, sans aucun respect pour les Thaïlandais venus en famille. Nous les observons depuis le c.c et nous qui nous étions baignés en shorts et t-shirts, sommes choqués de voir des strings se dandiner outrageusement devant les mines déconfites d’autochtones qui se réfugient dans le bassin réservé aux moines pour préserver leur pudeur et un minimum de tranquillité. Ce n’est malheureusement pas la première fois et certainement pas la dernière que nous observons ces comportements irrespectueux de la part de touristes russes. Ce ne doit pas être un hasard s’ils ont mauvaise presse en général…Il n’y a pas de fumée sans feu…
Nous reprenons la route qui s’enfile entre les montagnes et la jungle, traverse des villages typiques faits de maisons en bambous sur pilotis ou de petites bicoques et maisonnettes, grimpe et redescend parfois de façon abrupte pour finalement atteindre cette ville sereine et entourée d’un écrin de verdure tropicale, qu’est Sangkhlaburi.
Nous partons en pirogue sur le Kheuan Khao Lem et naviguons entre les maisons flottantes du peuple Môn, glissons sur les eaux sereines et légèrement brumeuses sous le Saphan Mon (plus long pont en bois de Thaïlande) et ses gigantesques pieds en bois et nous nous arrimons sur les berges du Temple immergé qui ne l’est plus. Le réservoir est presque vide la saison sèche ayant été trop sèche l’année dernière, et les entreprises ayant décidés d’en profiter pour ouvrir le barrage (Kheuan Khao Laem) et colmater les brèches afin d’éviter tout risque de Tsunami artificiel en contre-bas. Nous voyons les traces laissées par les anciennes crues d’après mousson et avons de la peine à imaginer toute cette surface de jardins, de cultures etc…sous les eaux. Lors de l’édification du barrage en 1983, tout un village a été submergé par la montée des eaux et si les Thaïlandais ont été relogés sur les hauteurs des berges, en zone non inondable, les Karens eux, se sont vus donnés des terres submersibles lors de la saison des pluies et/ou ont été laissé pour compte. De fait, certains se sont construit des maisons flottantes qui s’élèvent avec le niveau de l’eau. Ce qui est, pour nos yeux d’étrangers, absolument charmant.
Quelques 20 kilomètres au sud de Sankghlaburi nous rejoignons un village Karen, ethnie birmane immigrée et leur camp d’éléphants. Les plantations de riz, de tapiocca, de patates douces, d’hévéas et d’ananas, agricultures locales, se mélangent à la jungle épaisse. Le village au bord de l’eau, comprend quelques maisons en bambou sur pilotis qui se noient dans le décor. Nous voyons nos éléphants traverser la rivière chacun monté d’un Karen qui nous guidera à travers la jungle épaisse et les traversées de rivières.
Nous sommes pris d’assaut par une pluie drue et sortons notre parapluie qui parfait cette sensation de tourner dans une séquence d’Indochine ou autre film exotique. La jungle est entourée d’un cirque montagneux dont la moindre parcelle de roche est recouverte d’une dense végétation. Nos Alpes dénudées sont bien éloignées de ces vertes cimes. La pluie amplifie notre sentiment de dépaysement en habillant l’horizon d’une légère brume éparse. C’est grandiose. Nous laissons à regrets nos montures et après un pique-nique thaï, du riz frit aux légumes dans de petits sacs en plastique, nous traversons la rivière en nous tenant la main, petite chaîne humaine de 8 personnes, pour ne pas nous laisser entraîner plus bas par le courant qui est relativement fort à cet endroit après ces quelques jours de pluie. Nous marchons quelques centaines de mètres dans les flaques boueuses pour rejoindre la rivière en amont où nous attendent nos radeaux de bambous et leurs rameurs karens. Nous entamons la descente de la rivière jusqu’à notre point de départ, dirigeant nos embarcations au moyen de longues tiges de bambou.
Le lendemain, nous visitons les associations « Children of the forest et Arteca » qui travaillent ensemble et sont localisées à l’entrée du village de Sangkhlaburi. Elles s’occupent d’orphelins birmans, Karens et Môns tous réfugiés de Birmanie ainsi que de mères seules et viennent en aide à certaines familles exilées. Le village communautaire comprend plusieurs maisons, un centre pour les enfants en bas âge, plusieurs écoles ainsi qu’un centre artistique permettant d’occuper les enfants lors des vacances scolaires et des périodes hors étude dans le but de les aider à développer d’autres ressources et de leur (re)donner confiance en eux. Le Village associatif comprend une cuisine moderne fonctionnant grâce aux panneaux solaires et un système intéressant de récupération des eaux de pluie (1000 litres en deux jours en pleine saison), des salles d’eau écologiques et des jardins potagers, des cultures, notamment de riz permettant aux habitants de subvenir à leurs besoins.
L’association développe également des projets avec plusieurs villages Karens et Môns et permet aux enfants vivant dans les villages des différentes minorités birmanes des environs d’être scolarisés. Si le but premier vise l’éducation, le second est de mettre en place la longue et incertaine procédure qui permettrait aux réfugiés d’accéder à une sorte de droit de résidence dans la province du Kantchanaburi, ce qui est très difficile. Si la Thaïlande ferme plus ou moins les yeux sur quantité de ces réfugiés c’est aussi qu’elle les exploite dans les plantations de caoutchouc pour des salaires dérisoires sans leur offrir aucune sécurité sociale.
Nous sommes admiratifs du travail accompli par ces quasi bénévoles italiens, anglais, australiens et birmans ayant décidés de se mettre au service de cette infime partie de l’humanité.
Après une nuit au sommet du col des 3 pagodes, à la frontière birmane, nous redescendons dans un petit village au bord de l’eau et passons la journée à nous laisser glisser dans la rivière sur des chambres à air. Nous retrouvons par hasard Linda, Tom et une de leurs collègues, bénévoles de Children of the Forest qui accompagnent quelques enfants orphelins pour profiter de la fraicheur de l’eau. Nous passons un moment avec eux , les enfants en partageant leur bouée et nous en discutant des projets mis en place, comme la contraception, l’étude d’un petit centre médical etc. Nous apprenons les histoires tragiques de ces enfants, telle cette petite fille recueillie alors que sa jeune mère droguée la vendait sur le marché…
Le matin nous partons voir le marché birman à la frontière et rencontrons Pierre, un vaudois connu deux jours plus tôt à Sangkhlaburi.
Il nous emmène voir un village karen perdu dans la jungle à quelques kilomètres de l’axe routier. L’endroit est isolé au milieu de la végétation tropicale et des plantations d’hévéas, au bord de la rivière. Nous nous baignons au milieu des jeunes qui s’ébattent dans les eaux fraiches, grimpent aux arbres avec une adresse époustouflante avant de se jeter dans le bassin naturel, des femmes qui se lavent vêtues d’un grand pagne large ou de celles qui nettoient les bidons contenant le latex récolté, etc. Le village comprend une école minuscule et plusieurs maisons de bambou (20 habitations environ) au confort plus que sommaire réparties entre les colossaux bambous et plantes tropicales luxuriantes. Chèvres, chiens, chats, poules courent de gauche à droite. Les gens qui nous regardent sans sourire portent sur leur visage le poids de l’exil et de leurs conditions de vie précaires. Nous sommes envahis de sentiments contradictoires ; mal à l’aise de ne pas pouvoir communiquer nous nous demandons ce que nous faisons là, un peu voyeurs malgré nous, de la (sur)vie qui se déroule ici.
Durant la saison des pluies les villages comme celui-ci sont généralement coupés du reste du monde, les pistes boueuses étant impraticables. « Etre né quelque part….enfants d’ici ou d’ailleurs »…point de départ qui fera toute la différence…Chance ou malchance… Nous reviendrons deux jours plus tard avec Pierre et sa femme Wan, amener du matériel (cf photo du jour du 20 mai, « une goutte d’eau dans cet océan de malheur).
Après un bon repas vaudois et une bonne nuit chez Pierre et Wan, nous reprenons la route. Direction « the Hellfire pass » et son musée qui commémore dignement l’histoire du « chemin de fer de la mort » construit par des milliers de prisonniers de guerre asiatique et alliés qui travaillèrent entre 16 et 18 heures par jour. Le chemin ouvert au public, (une partie de l’ancien tracé ferroviaire est fermée faute d’éboulements), est impressionnant. La construction d’une voie ferrée ici doit être représentative de la mégalomanie japonaise de l’époque. Pure folie meurtrière et sadique dont plus de 20’000 prisonniers ont eu à subir les souffrances et ce, jusqu’à la mort. Terrifiant. De ce tracé il ne reste pas grand-chose, le train parcourant actuellement moins d’une centaine de kilomètres reliant Kanchanaburi et Nam Tok…
Nous regagnons Kanchanaburi où nous faisons la connaissance de Kinet de Morges et de sa femme Thong qui tiennent une sympathique pizzeria « Bell’s » , où nous fêterons l’anniversaire de Tom. Ils nous enlèvent une grosse épine du pied en l’obtention de notre assurance au tiers payant pour la Thaïlande. Bientôt un mois que nous roulions sans assurances.
Nous quittons la province de Kantchanaburi après 15 jours de vadrouille tranquille, pour la capitale ; Bangkok et ses quelques 12 millions d’habitants. Métropole cosmopolite et urbaine que nous apprécions bien. Petit hôtel charmant en plein centre, au bord des canaux avec vue sur le parking de l’autre côté du canal. Parfait, everythings under control !
Nous visitons le quartier de Ratanakosin, le Wat Phra Kaew dont le grand palais royal utilisé par le roi uniquement lors de cérémonies officielles , le Wat Pho et bien d’autres, le marché aux amulettes, le marché flottant, les quartiers chinois et quelques quartiers chauds, le marché aux fleurs et marché en gros, allons assister à un match de boxe thaïe et tentons de parfaire notre connaissance culinaire thaïlandaise dans de multiples gargotes sympathiques, craquons pour un Bouchon lyonnais et sa bonne cuisine au beurre et son vin rouge, boudons les tuks-tuks qui ressemblent davantage à des dragsters et profitons pleinement de la ville qui nous enchante. La boxe thaï nous laisse perplexes, assistant à des combats où les combattants semblent vraiment très jeunes.
Le Wat Phra Kaew est un haut lieu de pèlerinage pour les fidèles bouddhistes et les nationalistes ; l’ensemble de temples, de chedis, et de « Hall » est digne d’un conte de fées. Le Wat Pho contient le plus grand Bouddha couché, 46 m de longueur et 15 m de hauteur, ainsi que la plus importante collection de Bouddhas du pays.
Les marchés aux fleurs et aux amulettes nous font prendre la mesure de la démesure de la religion où que ce soit dans le monde. Nous devons à la religion au sens élargi du terme, tant de sites grandioses, tant de constructions mégalomanes et splendides, tant de créativité et une infinie myriade artistique d’objets les plus magnifiques, les plus riches, les plus décorés, les plus … C’est incroyable. Et ces marchés, gigantesques commerces religieux à ciel ouvert. Tous ces étales d’amulettes aux effigies de bouddha, toutes ces guirlandes de fleurs, ces compositions florales, ces gerbes destinées aux offrandes s’étalant sur des centaines de mètres. Le nombre d’individus vivant directement et indirectement du commerce de la religion, nous abasourdis. C’est phénoménal.
Nous quittons la capitale pour Ayuthaya, ancien centre névralgique d’Asie. Ayuthaya, ancienne capitale (1350-1767) du royaume du Siam qui s’étendait bien au-delà des frontières de la Thailande actuelle était considérée par beaucoup comme la plus belle ville du monde et renommée par les Portugais comme la « Venise de l’Orient », la ville étant entourée par trois rivières, ce qui a permis à Ayuthaya de ne jamais manquer de nourriture et d’eau. Elle commerçait avec l’Europe et nombreux furent les hauts dignitaires occidentaux à y pénétrer, ainsi que marchands et commerçants étrangers. Les temples qui s’égrainent ici et là dans un décor verdoyant sont restés magnifiques et certains assez bien préservés malgré la mise à feu, le pillage ainsi que les destructions massives et méticuleuses de la ville par les Birmans.
Sur les traces du royaume du Siam, nous atteignons Sukhotaï, une autre ville un peu plus au nord dont le site historique est classé au Patrimoine Mondial de l’Unesco.
Le parc historique intérieur (dans les murs) est divin ; les temples sont disséminés entre les étangs et la végétation et se visitent facilement en vélo.
Certains bouddhas sont encore « intacts » et on imagine assez bien à quel point les temples devaient être phénoménaux et imposants. Certaines ruines sont encore aujourd’hui des lieux de recueillement importants et nous prenons part, invités par les fidèles et les moines, à la prière de l’après-midi. Nous tenons tous dans nos mains 3 bâtons d’encens allumés (l’encens est toujours présent car il signifie la purification) et sommes agenouillés, nos pieds sous nos fesses, dirigés vers l’arrière ; les pieds ne doivent jamais facer le Bouddha, ce qui serait une injure, les pieds étant impurs. Nous prenons part à ce rituel religieux fascinés par ces rituels, sans en comprendre tous les gestes, ce qui est très frustrant.
Nous empruntons la route qui grimpe dans les montagnes et traverse des forêts de pins (eh oui) et nous dormons dans le parc naturel à 700 mètres…au frais. Que du bonheur. Dans le parc se trouve un hôte d’environ 700 ans et de 50 mètres de haut pour une circonférence de 16 mètres au sol. Nous affrontons la chaleur pour aller voir cet arbre plus que centenaire puis nous enfonçons dans la jungle essayant de trouver les chutes d’eau à 9 étages. Nous rebroussons chemin alors qu’elles ne doivent plus être loin, le soi-disant sentier s’arrêtant net et la jungle avec ses milliers d’insectes, ses sangsues qui se dressent devant nos pieds et sa végétation archidense ne nous invitant pas du tout à continuer l’aventure . Nous ne sommes pas si fiers tout seuls perdus dans cet environnement inconnu.
Nous arrivons à Mae Sot, qui sera le point de départ pour notre remontée vers le nord le long de la frontière birmane. Le pont de l’Amitié qui relie la Thaïlande et la Birmanie est fermé depuis bientôt une année, les conflits armés étant encore présents de l’autre côté de la frontière. La ville comprend surtout des ethnies birmanes réfugiées ( Karens, Lachus, Môns), des Chinois et autres minorités dont nous ne connaissons pas les noms. Le marché communal est vraiment dépaysant et nous sommes bien empruntés pour y faire nos courses. La viande et les poissons étalés au soleil et gorgés de mouches ne nous inspirent pas trop. Dans les campagnes environnantes, les cultures sont diversifiées et riches ; plantation de roses, de riz, de fleurs diverses, de tapioca, de bananiers, etc. Les gens s’affairent dans les champs, les femmes trient les fleurs et autres produits des cultures assises sur les parterres de bambou des maisons à pilotis ouvertes, les camions de maïs et de choux se suivent, les hommes et femmes répartissent les ENGRAIS à la volée et en abondance autour des pieds de maïs (transgéniques ??), bref la vie s’organise en regard des plantations multiples et variées.
Après avoir visité les cascades au sud de Mae Sot, nous empruntons la 105 jusqu’à Mae Sariang quelques 234 kilomètres plus au nord.
La route sinueuse nous fait traverser des montagnes aux sommets tantôt arrondis et doux ou comme sculptés à la hache, abruptes et vertigineux, mais toujours recouverts jusqu’à la cime par la dense végétation tropicale. La Mae Nam Moei, qui s’écoule en contrebas de la route forme la frontière avec la Birmanie et est de fait à moitié thaïlandaise et à moitié birmane. Nous longeons le camp de réfugiés karens Mae La qui accueille quelque60’000 réfugiés.
Les maisons s’agglutinent à flanc de montagne jusqu’en bordure de route, dans une jungle épaisse et forment un camp cerclé de barbelés. Nous nous arrêtons alors que des enfants nous saluent et nous nous observons mutuellement au travers de ce fils qui porte à lui seul la définition de camp. Nous sommes mal à l’aise, tristes, des sentiments affluent qu’on n’attendait pas, ne sachant pas que nous allions voir ça. Le camp s’étend sur plusieurs kilomètres et s’enfonce jusqu’aux pieds des montagnes, sur les collines vertes. Chaque toit est recouvert,voire essentiellement fabriqué avec des feuilles séchées qui ressemblent à de belles tuiles sombres, afin de lutter contre la chaleur. Ces cabanes dans le paysage sont magnifiques et c’est presque affreux de le dire. Prison sécuritaire à ciel ouvert, ébauche d’une sécurité transitoire vers un avenir incertain. Ce camp de réfugiés laisse aussi deviner la situation difficile que face la Thaïlande; gérer, accueillir tous ces gens mais pour combien de temps ?. Les communautés montagnardes, les villes et les villages de ces provinces du centre et nord -ouest sont à plus fortes concentrations birmanes. Les différentes ethnies birmanes susplentent de loin la population thaï (dixit autochtones) sans compter les camps à proprement parler. Mae La, ses regards lourds que nous n’oublierons pas.
Mae signifie la mère et nombreuses sont les villes dont le nom commence par Mae, dont Mae Sariang, prochaine étape. La route pour y arriver n’est vraiment pas facile et nous vidons notre résèrve d’eau histoire d’être un peu plus léger. Philippe arrivera bien fatigué et tendu après ce tronçon difficile. Petite ville tranquille en cette basse saison, c’est aussi un point de départ pour de nombreux trekkings, mais nous décidons de reprendre la route au matin direction Mae Hong Son car le temps file plus vite que prévu.
Les provinces de Tak et de Mae Hong Son sont sauvages et authentiques. Nous découvrons outre des décors grandioses et pittoresques, une culture artisanale et vestimentaire très riche. Sur les marchés certaines femmes abordent de beaux costumes traditionnels parfois en velours noir, d’autres en tissus brodés de couleurs, certainement en fonction de la provenance de leur ethnie que nous ne connaissons pas. Mae Hong Son est une jolie ville moderne d’environ 10’000 habitants et également une base pour de nombreux trekkings et autres occupations vertes (éléphants, rafting, etc.) Une des ressources principales de la région est le riz de montagne sorte différente de riz qui ne pousse pas dans l’eau, le terrain étant tellement raide qu’il serait trop difficile de faire des rizières en escaliers.
Ce riz est planté avant la saison des pluies, car il nécessite beaucoup d’eau pour croître et dépend de ces dernières, n’étant pas sur un sol pouvant être irrigué. Nous prenons un guide et partons à la découverte de différentes ethnies et tribus montagnardes, dont les Padaung (cf, reportage sur la Route), les villages karens, môhns, taos, chans et un village Lahu, perdu dans la montagne à quelques kilomètres de la frontière birmane, où nous passerons la nuit avant d’entreprendre un beau trekking de presque 6 heures dans la montagne et la jungle environnante.
L’arrivée dans le village est à couper le souffle. Nous quittons la route 1095, que nous entreprendrons aussi en camping-car, pour suivre une longue route sinueuse et étroite qui s’enfile dans les montagnes, perdue dans ces reliefs époustouflants. Après avoir traversé quelques villages pittoresques, nous abordons un chemin vertigineux en terre battue à flanc de montagne et qui découvre devant nous un panorama grandiose ; ce ne sont que montagnes et forêts à perte de vue derrière une avant-garde de cultures de riz de montagne sur fond de terre rouge, piquée de quelques cahutes de bambou. Ju nous fait descendre de sa jeep et nous laisse effectuer les quelques kilomètres restants à pieds, afin d’apprécier le coucher de soleil et la sérénité du lieu. L’arrivée au village est accompagnée de cris et d’une ribambelle d’enfants avec qui nous échangeons des signes et nos noms, et beaucoup de sourires. Le village construit lui aussi à flanc de montagne comprend une école et de nombreuses habitations cachées entre la végétation, quelques pins, cèdres et autres beaux arbres gigantesques. (cf « reportage » sur La Route).
Après avoir passé une soirée très instructive et sympathique, mangé un repas des plus traditionnel au grand damne de Léna, une bonne nuit à la fraîche, avoir fait notre marché pour le plus grand plaisir de ces quelques femmes pleines de talents et forts d’un bon déjeuner de toast et confiture !, nous partons à l’aventure. Nous sommes accompagnés par des enfants qui gambadent à pieds nus devant nous et s’enfoncent dans cette végétation qu’ils semblent bien connaître, ainsi que par 2 porteurs chargés d’eau et du repas de midi, en plus de notre guide Ju qui parle français. Le terrain est accidenté, parfois raide et boueux de par la pluie et nous nous retrouvons plus d’une fois les 4 fers en l’air, nous qui avons chaussé nos « bonnes chaussures de marche ».
La marche nous emmène jusqu’au terrain accidenté sur lequel le peuple Lahu tente de planter du riz de montagne. L’endroit, à l’écart des autres plantations proche du village qui sont insuffisantes, a été choisi en fonction de son relief qui semble propice pour une bonne récolte. Après avoir coupé les arbres et défraîchis le terrain (ce qui doit être un travail colossal au vu de la densité de la végétation), brûlé le sol et construit quelques sommaires maisons de bambou pouvant accueillir tous les travailleurs cherchant de l’ombre ou un abri contre la pluie, les habitants s’activent maintenant à planter le riz. Ils se répartissent par couple ou famille, l’homme « creusant » un petit trou et la femme répartissant les graines pour les recouvrir ensuite avec cette terre rouge, qui se distingue dans cette palette de verts infinis.
Tout le monde travaille pour le bienêtre de la communauté, tous ensembles pour un meilleur résultat et la survie de la tribu, nous sommes bien loin des préoccupations individualistes si caractéristiques à notre monde civilisé en perdition. Un de nos porteurs s’active à faire du feu dans un coin de la cabane, l’autre creuse des assiettes dans le bambou, ainsi que quelques verres et tubes qui feront office de tasses à café. Quelques instants plus tard, nous mangeons une soupe de pâtes délicieuse aux ananas frais ainsi que du riz emballé dans de grandes feuilles de bananes.
Délicieux. Un bon café après, nous repartons, laissant s’éreinter les travailleurs qui reprennent leur labeur sous un soleil de plomb. La marche devient vraiment aventurière et nos guides jouent de leur machette pour que nous nous faufilions entre les lianes et plantes géantissimes. Nous faisons une halte dans un champ de fougères où les enfants du village montrent à Léna et Tom comment se faire de belles couronnes, bandeaux et autres couvres-chefs végétaux.
Quelques dizaines de parures de fougère plus tard, nous reprenons le chemin qui devient de plus en plus corsé, avant de déboucher sur les pentes cultivées de riz, de ?, sorte de racine entre la pomme de terre et le rutabaga, et de maïs qui entourent le village sur des kilomètres.
La vue est toujours splendide et nous gravissons et dévalons les pentes abruptes pour dépasser tous ces vallons qui nous séparent encore du village. Nous arrivons bien fatigués et pleins de boue, mais heureux. Le comble de notre bonheur se présente sous la forme d’une bonne bière fraiche en compagnie de quelques Lahus. Un parchemin signé plus tard et après moults mercis chaleureux et un pincement sincère au coeur, nous reprenons la route en sens inverse. Nous serions bien restés une nuit supplémentaire voire plus dans ce lieu où la vie retrouve tout son sens originel.
Nous quittons Mae Hong Son par la route 1095, la route aux 1864 virages pour rejoindre Paï, puis Chang Maï. La route traverse les montagnes et nous passons la nuit au frais au sommet d’un col avec, comme panorama, des montagnes à perte de vue sous un ciel nuageux et menaçant.
Nous visitons sur la route les grottes de Tham Lot à Sop Pong. L’entrée gigantesque où s’engouffre la rivière abrite des centaines d’oiseaux petits et noirs qui fusent de toute part. Concrétions incroyables, draperies, colonnes, …mytes et …tytes tout y est sous un bruissement de chauves-souris. Nous sommes presque restés embourbés au milieu de nulle part pour y arriver (merci à la voix suave de notre gps !! qui nous a semés dans la nature), mais ne le regrettons pas. A Chang Mai nous visitons une quantité de temples et profitons des salles de discussion du Wat Suan Dok pour échanger nos impressions et connaissances avec le moine Phra Joelee qui nous parle de la religion bouddhiste. (cf. sur la route).
Nous remontons la vallée de Mae Taeng où nous nous arrêtons 3 jours durant dans un hôtel magnifique, avec piscine et chambre climatisée, au cœur de la jungle. Nous mettons les pieds sous la table et n’avons rien d’autre à faire que de rattraper notre retard dans les tests scolaires afin de situer le niveau des enfants, avant de continuer en direction de Fang.
Petits cratères d’eau bouillante, fumerolles s’échappant du sol, jets de vapeur cuisant les arbres alentour, les hot springs du parc national de Doi Pha Hompok ont, à la tombée de la nuit, des allures de décor fantastique.
Nous passons une nuit sereine et plongeons au matin dans les bains d’eau souffrée avant de poursuivre notre route jusqu’à Tha Ton, petite ville lovée le long d’un méandre du Mae Nam Kok.
L’ensemble du Wat Tha Ton perché sur une colline comprend plusieurs sanctuaires jalonnés sur 9 niveaux et offre de magnifiques vues sur les montagnes du Myanmar, la plaine de Tha Ton et les méandres du Mae Nam Kok qui relie Tha Ton à Chang Rai. Sont répartis sur les différents niveaux, statues de Bouddha, chedi, retraite et école monacale, etc.
Nous dormons devant le chedi après plusieurs séances photo avec les moines du temple que nous retrouvons au matin.
A leur demande nous les emmenons en camping-car visiter la retraite et dernier sanctuaire à quelques kilomètres sur la colline d’en face et restons coincés dans la pente vraiment trop raide pour un moteur un peu froid. Philou entame une marche arrière crispée, pied sur le frein et frein à main enclenché et c’est avec soulagement que nous retrouvons une pente plus douce pour relancer notre c.c
Nous passons la matinée à nous promener et visiter les environs en leur compagnie, à manger et dicuter (cf. sur la route)et ne les quittons qu’en fin d’après-midi pour nous rendre à Mae Salong sous un ciel qui ne nous inspire rien qui vaille.
Nous empruntons la route 1234 pour nous rendre à Mae Salong sous la pluie et les torrents d’eau qui l’investissent nous procurent quelques sueurs froides lorsque nous entamons les montées et descentes vertigineuses de ce tronçon pittoresque. Nous repartirons par la même route deux jours plus tard, ayant renoncé à faire la boucle par la 1130, ancienne route que nombre d’habitants nous déconseillent vivement avec notre engin. Nous leur faisons confiance, et n’avons aucune envie de nous essayer sur une route encore plus vertigineuse et sinueuse qu’à l’aller !
Mae Salong , est un village pittoresque perché sur les collines dans la province de Chang Rai. Ses 25’000 habitants sont à majorité originaires de la province du Yunnan, dans le sud de la Chine. Fuyant le régime communiste dans les années 49, le 93e régiment de soldats du Kuomintang se réfugia au Myanmar jusque dans les années 60 où il essuya les violences de l’armée birmane et dû s’exiler une fois encore. Il trouva refuge dans ces montagnes thaïlandaises, accueillis dans le pays comme réfugiés opposés au régime communiste. Ainsi naquit la ville de Mae Salong. Le village est entouré par les plantations de riz, de thé, de café, de maïs et d’arbres fruitiers, introduites dans les années 80-90 par le gouvernement thaïlandais pour éradiquer le trafic d’opium en se substituant aux plantations de pavot.
Les villages alentour regroupent différentes ethnies montagnardes telles les Chan, Akha, Lisu, Hmong vivant dans de pittoresques villages reculés et perdus au fin fond des collines boisées et des forêts humides. Nous visitons quelques villages et nous retrouvons dans la maison du « Chaman » qui, après plusieurs prières, nous prend le pouls, vérifie la couleur de nos doigts, nous palpe et fini par nous renvoyer sereins avec un bout de fils blanc attaché au poignet. Apparemment, nous allons bien.
Nous passerons une journée splendide, sans pluie à parcourir la région en mobylette, heureux, les cheveux dans le vent. Top, top, top ! Nous quittons la région montagneuse pour la plaine , le Triangle d’Or et le Mékong en passant par Mae Chan.
Les femmes achètent les coeurs des fleurs de pavot qui serviront de décoration et d’offrande dans les temples bouddhistes. Les “Dragons fruits” rose vif extérieurement renferment une fibre très riche et peu calorifique blanche mouchetée de points noirs. S’ils ne sont, à nos palais, pas très goûteux ce sont de magnifiques fruits décoratifs.
La ville paisible de Chiang Saen est située au bord du Mékong. Ici aussi, la vie semble empreinte de sérénité, de calme. La vue sur le Mékong et le Laos est surprenante. Le marché du soir et les petites cuisines nomades sur roulettes en bordure de trottoirs surplombants le Mékong proposent différents mets locaux, dont le « muschus ? », sorte de bouillon servi dans un pot en terre cuite posée sur un foyer incandescent et dans lequel on ajoute viande, foie, vermicelles, chou, chou-fleur. Nous nous régalons assis sur les nattes posées à même le sol et sur lesquelles trônent de petites tables basses, régal des yeux et du palais, le Mékong se teintant de rose au soleil couchant.
Nous traversons le Mékong de Chiang KhonG à Huay Xai au Laos, histoire de rentrer à nouveau en Thaïlande avec 15 jours de visa supplémentaires, notre échéance tombant aujourd’hui même. Notre prolongation en poche, nous repartons à l’assaut de la route 1155 traversant les cultures de riz, en direction du Doi Pan Tang et poursuivons à pied jusqu’au Pratu Siam qui nous emmène à 1623 mètres d’où nous découvrons sur un splendide 360 degrés, les chaînes de montagnes laotiennes, la plaine du Mékong et les montagnes thaïlandaises. La vue nous arrache un véritable cri du cœur !!! (cf. vidéo du 22.06.2011).
Nous longeons les crêtes montagneuses sur plusieurs kilomètres par la route 1093 dans un décor montagneux et sauvage à perte de vue et atteignons la Nam Tok Phu Sang, cascade d’eau chaude dans la province de Phayao où nous passons la nuit, presque au frais. La route sillonne à travers les cultures de maïs, d’oignons et de choux qui suivent les reliefs montagneux et recouvrent les pentes raides.
Au matin, nous découvrons le sentier didactique qui serpente dans la forêt humide et les bassins d’eau chaude. La végétation est dense et semble prête à tout envahir, recouvrant par endroits le sentier et les panneaux explicatifs. Les chutes en contrebas sont petites mais jolies et les enfants s’amusent à essayer d’en escalader un fragment. Pas facile.
Nous arrivons à Chiang Rai, petite ville du Nord, moderne et charmante. Plusieurs beaux watts à découvrir et surtout Le Wat Rong Khun, appelé communément le Temple Blanc et qui est vraiment insolite et magnifique.
Le Temple a été réalisé sous la direction du célèbre peintre thaïlandais Chalermchai Kositpipat. Les fresques intérieures représentent en face Bouddha et le monde du bien et à son opposé, des images destructrices mettant en scène Busch et Oussama Ben Laden sur une torpille, les Twinns Towers et bien d’autres représentations du mal, de la souffrance et de la folie humaine. Le pont qui relie le temple « s’échappe » d’une mare de bras tendus, symbolisant le désir, source de la souffrance humaine.
Comme chaque chose à son contraire, nous visitons aussi les blacks houses, situées au nord de la ville et mettant en scène le travail tout aussi délirant d’un autre artiste thaïlandais de renommée internationale, M. Thawan Duchanee. Ici tout est noir, les maisons imposantes par leur architecture et leurs aménagements intérieurs mettant en scène des crânes de buffles et leurs cornes, peaux de serpents et carapaces de tortues, objets délirants et dignes des plus grands films de sorcellerie que l’on pourrait imaginer.
Nous arrivons devant la cage des serpents juste au moment où, au plus grand désarroi des enfants, l’un d’entre-eux ingurgite une poule, d’un coup d’un seul. Impressionnant et affreux. La photo méritera bien son titre, amené par Léna : « Chair de Poule ».
Nous continuons la route en direction de Phayao paisible ville du Nord située au bord du lac Kwan Phayao. Il pleut et c’est samedi, la ville semble assoupie et après un petit tour et quelques spécialités culinaires nous continuons sur Ngao, son joli pont suspendu puis, quelques 20 kilomètres au sud, nous engageons de nuit et toujours sous une pluie battante dans le parc naturel de Pha Thai. Nous passons une nuit de rêve entourés par la jungle tropicale et la forêt humide et nous payons une belle grasse matinée comme nous n’en avions pas eu depuis…des mois. La grotte de Tham Pha Thai à une dizaine de minutes de marches nous ravit de bon matin.
L’entrée gigantesque et pourvue de nombreuses concrétions, stalagtites et stalagmites, piliers, colonnes, abrite un énorme bouddha assis. Nous nous enfonçons ensuite avec notre guide et découvrons plusieurs grottes gigantesques reliées entre elles par des sentiers escarpés et un minuscule passage entre deux rochers. Là encore les draperies et autres concrétions sont superbes et nous les admirons sous le bruissement de milliers de chauves-souris que nous venons de déranger avec nos torches ; nous voyons le plafond noir de la grotte s’éclaircir au fur et à mesure de leur envole. Elles volent et virevoltent de partout autour de nous, seule l’odeur qui se dégage de cet endroit au sol recouvert de fientes est franchement désagréable. Des 3 grottes que nous avons visitées, c’est celle qui nous aura plu le plus.
Nous arrivons à Lampang dans l’après-midi, toujours sous la pluie. Ce coup-là ça y est, la saison des pluies est bien là !. Lampang, petite ville typique de 150’000 habitants s’étend le long de la Mae Wang. Tranquille, elle présente de nombreux attraits ; de très beaux temples de l’époque Lanna et d’influence birmane, de pittoresques maisons en teck, sur pilotis, typiquement encombrées de toutes choses et entourées de végétation tropicale. Echoppes typiques, cafés sympathiques et avant-gardistes, restos traditionnels, ambiance décontractée et chaleureuse, c’est une ville qui mérite le détour. “Son” masseur et guérisseur possède de ces mains qui savent lire et comprendre les maux qui nous habitent et nous décidons de rester encore quelques jours histoire de terminer le travail commencé dans… de bonnes mains.
Nous quittons Lampang et nous arrêtons visiter le Wat Phra That Lampang Luang, ancien ensemble de bâtisses religieuses magnifiques. L’un des bâtiments, malheureusement réservé aux hommes car contenant une empreinte de Bouddha, aura même laissé Philou sans voix ! Un gardien le fait entrer avec Tom puis referme la porte. La salle est totalement noire ; le gardien enlève une pièce en bois découpée dans la porte laissant passer un faisceau de lumière et là, nos deux hommes voient une partie du wi-hahn (grande salle du temple) comme zoomé sur la toile à l’envers, puis le gardien enlève le voile blanc et c’est l’ensemble du wi-hahn qui apparaît projeté, ainsi que les bâtiments environnants, sur la paroi blanche, toujours à l’envers.. Et voilà, toute la science de l’homme étalée devant leurs yeux, sans rétroprojecteur, diapositives, électricité et tout le tsoin-tsoin.
Nous empruntons la 1023 qui nous balade entre rizières, plantations de bananiers, de coton et d’hévéas jusqu’à Phrae dont les berges auront été partiellement inondées la veille, l’eau recouvrant le pont que nous empruntons aujourd’hui. La ville est à l’image des villes du Nord, méli-mélo de vieilles maisons en teck entourées de verdures, de temples ravissants, de moines déambulant dans les ruelles et d’un centre mixant les enseignes lumineuses et panneaux publicitaires en veux-tu en voilà, les vitrines encombrées de magasins hétéroclites et toujours, toujours, les grandes enseignes d’oculistes. C’est fou tous ces magasins de lunettes alors que nous ne croisons que peu d’Asiatiques qui en portent…Peut-être le soir, pour lire et regarder la télé.
Les sinueuses 1022, 1143 et 2013 nous enmènent vers Dan Saï où débutera le festival Phi Ta Khon. Le festival associe deux fêtes, le Phra Wet ( récits des vies antérieures de Bouddha) et le Bun Bang Fai (fête des fusées, appelant la pluie) et mêle plusieurs rites tribaux appelant les esprits et faisant certainement référence aux dieux de la fertilité au vu des gigantesques pénis en bois brandis tout azimut, ainsi que des représentations de copulation frénétique en bois mobiles ou en papier mâché grandeur nature.
Cela nous aura valu plus d’un regard ébahi, gêné, surpris…des enfants. La fête s’étire trois jours durant, festivals de masques fantastiques réalisés en bambou et bois de bananier, costumes colorés, mélange de carnaval et de déguisements dignes d’Halloween, défilé de chars et de fanfares, stands de nourritures et d’artisanats, musique tonitruante et cacophonique, bref durant 3 jours la petite ville sereine de Dan Saï se transforme en une véritable « salsa du démon ». Le clou de la fête est le lancer des fusées de bambou, véritables torpilles crevant les nuages, précédé des 3 tours du temple par une foule en liesse, portant 3 moines désespérément accrochés sur des pates-formes de bambou tressé et secoués comme des…cocotiers.
Prochaine étape, Chiang Khan, en bordure du Mékong et face au Laos.
La vieille ville se dessine comme une longue avenue au bord de l’eau et bordée de chaque côté de splendides anciennes maisons en bois, certaines transformées en guests houses, d’autres en échoppes ou petites boutiques avant-gardistes et créatives. Ici, la vie s’écoule tranquillement. Comme le Mékong qui s’étire, large, profond, dense et qui impose au paysage une force sauvage. La ville et les berges du Mékong se visitent à vélo ce qui parfait cette sensation de sérénité absolue.
La route 211 qui longe le Mékong de Chiang Khan à Nong Khai est splendide et offre des paysages sauvages et fabuleux, encore une fois. Dernière ligne sinueuse avant le passage de la frontière laotienne. Allez, une fois de plus, on tente d’oublier le peu de mots appris pour en assimiler d’autres, nous convertissons les baths en lak ou tyk, oublions les 100 et les 500 et passons aux million et billets de 500’000, nous noyons dans les zéros et nous repérons à la carte, le gps ne voulant plus inscrire la moindre route sur son écran. Nous quittons la Thaïlande avec regrets, même si nous sommes impatients de découvrir son voisin, le Laos. La Thaïlande nous a charmés par son mode de vie, sa nonchalance et sa douceur de vivre, ses sourires et ses visages accueillants, ses paysages et sa cuisine; bref les seuls points noirs étaient européens (et gros, bedonnant, suant, moches et lubriques).
Bonjour les amis, bravo pour ce beau reportage qui nous fait revivre vos aventures de l’année passée.
On vous souhaite une bonne semaine et ici, le rythme scolaire reprend pour la dernière ligne droite avant les vacances d’été.
Bisous Les Joly
Olà,
Beau reportage qui m’inspire une question : à quand l’image qui bouge et le son ? Des fois, ca manque;MAIS CHOUETTE BOULOT;
Bises à tous
H e l l o !
Très beau reportage photo .
Dis donc Val , Cavapas non ?
On ne va quand même pas supprimer le football qui est la religion des temps modernes . . .
Après tu n’as qu’à supprimer la Guerre, les Yatchs, Bentley, Rolls-Royce, et Call girls de luxe.
On va s’emmerder mais tant pis.
Le plus simple est de supprimer les pays ou il y en a le plus .
Alors on commence par un petit pays pour se chauffer un peu . . . Disons Monaco. Là j’ai bon là non ?
Après pas loin on pourrait effacer de la carte . . . Attends je cherche . . . La Suisse . Ben oui on peu pas faire autrement.
La Suisse est le point de retour de nos Gob’ Trotter . C’est embêtant mais comme ils sont parti pour au moins 10 ans.
Ils pourront revenir en France qui va se transformer en pays de rêve. Enfin si j’en crois les beaux discours de nos candidats ;-)))
J’ai bon là ou j’me gourre ?
Bonjour chez vous !
R a o u l .
Bonjour,
Un réel superbe récit parfaitement bien illustré par de très beaux clichés … J’ ai adoré !
Merci pour ce fabuleux partage .
Profitez !
Jean-fi .
Boufffff ?
Impressions à chaud ?
Sentiments de tristesse….
Y a un !&??!& de match de football derrière moi (la télé est resté allumée sur une chaine au zazard) qui me fait penser au million de fric dépensés pour des guignols qui tapent dans un ballon…
alors que cet argent pourrait faire de bien meilleurs choses pour ses petits qui ne portent même pas de codasses !
et beaucoup de joie aussi…tout merveilleusement écrit et photographié.
un seul mot…MERCI.
ah chao bonsoir !
C’était une impression…à chaud!