Oman – 7/12/2010 –
La frontière est vite passée et nous avons notre visa pour 30 jours. Nous sommes contents d’arriver à Oman et le pays nous semble de suite plus proche de ce que nous aimons; authenticité, petites épiceries, maisons blanches sans multiples étages, petits villages de pêcheurs aux barques usées par les marées…Les routes sont excellentes et sillonnent dans un paysage sauvage. Nous avançons en longeant la côte et dormons sur la plage de Sohar. Le lendemain, nous prenons la direction des montagnes et des vieux forts, dont le fort d’Ar Rustaq qui sera fermé pour cause de maintenance puis pour le fort de Nakhal. Nous traversons des paysages aux montagnes abruptes et découpées au scalpel dans le bleu du ciel; parfois, quelques palmiers se détachent de la roche rouge et ocre comme par magie. Les cours d’eau asséchés et larges débouchent des vallées rocailleuses et les panneaux routiers indiquent les risques de recouvrement de la chaussée par temps de pluie. Mais nous sommes au bon endroit au bon moment et nous ne verrons pas de pluie.
Nous arrivons en fin d’après-midi dans ce lieu paradisiaque et surprenant qu’est Nakhal. Sa palmeraie s’étend au loin et nous nous faufilons entre les maisons en terre et belles bâtissent carrées aux allures du fort, dressé, fier de son passé, en contre bas. La route débouche sur les sources d’eau chaude de Nakhal. L’endroit est investi par la jeunesse omanaise en congé durant 3 jours pour la fête du 40e anniversaire du Sultanat d’Oman. Le cours d’eau qui s’écoule entre les roches forme de petits bassins d’eau chaude dans lesquels les gens se baignent, se lavent. Partout de petits groupes sont installés, pique-niquent et jouent du djembé. Le soir, les feux allument la nuit et les palmiers se dessinent entre les rochers qui se dressent dans le ciel étoilé. Les grillons et le coassement des grenouilles emplissent l’air et la nuit. Nous sommes enveloppés dans cette ambiance particulière. Ici, il n’y a que des hommes, jeunes et moins jeunes, modernes ou en habits traditionnels, enturbannés et beaux. La femme est absente du paysage dès que le soir tombe. Ne reste des familles que l’homme avec un grand H. Au matin, nous rencontrons une bande de jeunes sympathiques et pleins de rire, avec qui Philou avait parlé la veille au soir. Nous déroulons notre parchemin et ils s’amusent à écrire qu’ils veulent voyager comme Philou, qu’ils s’aiment et d’autres choses que nous ne comprenons pas et qui les font rigoler. Nous aurons des surprises en traduisant tout ça à notre retour et de bons souvenirs.
Le fort est splendide et les pièces encore aménagées nous permettent d’imaginer la vie qui s’y déroulait; de la chambre d’hiver au salon d’été en passant par les cuisines et garde-manger, le puits et les sanitaires, les meurtrières et les créneaux. De grandes pièces servaient de remise pour les dattes qui étaient empilées dans de grands sacs et utilisées pour faire du jus de dattes bouillant, lors d’invasion. Le jus déversé sur les envahisseurs par les meurtrières était l’équivalent de la soupe aux légumes de la Mère Michèle. Léna clopine tant bien que mal de haut en bas et sa cheville ne nous inspire pas à la tranquillité. Nous irons consulter à Muscat.
À peine arrivé dans la capitale, nous nous faisons aborder par Donna et sa fille Cayley, Canadienne expatriée à Muscat depuis janvier. Donna demande à Philou s’il peut jeter un œil à sa voiture qui coule et la conversation tourne vite autour du voyage. Elle nous propose de venir garer notre camping-car sous le haut vent de leur garage et de se joindre à elles pour le souper. C’est partis, nous les suivons et passerons d’agréables moments en leur compagnie, notamment le soir de l’anniversaire de Léna qui se sera vue offrir la séance de cinéma du dernier Harry Potter avec moi aussi du coup. Génial, notre premier cinéma depuis…longtemps. À la fin de la séance, on a presque oublié où l’on se trouve. Quelques secondes d’étrangeté. Nous nous retrouvons ensuite chez Donna pour partager notre gâteau acheté la veille. Nous ne visiterons pas grand-chose de Muscat si ce n’est l’hôpital indien, des pharmacies à la recherche de cannes anglaises, Carrouf et le city market center pour une après-midi de shopping sans stress et d’essayage pour Léna qui renouvelle un peu de sa garde-robe pour ses 11 ans, la promenade le long du parc et de la plage el Qrum pour admirer, deux soirées durant, les compétitions de feux d’artifice. Nous nous arrêtons au souk de Muttrah, buvons un thé excellentissime chez le barbier et continuons la route en direction de Ytti, petit village de pêcheurs, ou nous passons la nuit au bord de la mer. Au matin, nous continuons direction les plages de sable dorées bordant un océan turquoise, sans un chat alentour. Un peu comme sur les pages de certains prospectus que l’on regarde normalement en rêvant « Ah si seulement je pouvais y être ». Eh bien nous y sommes. Top la classe, comme dirait Eva…
Après un excellent repas de poissons dans l’unique restaurant d’un futur Resort à venir, à As Sifah, nous reprenons la route direction Qurayat, village de pêcheurs jadis fort renommé pour ses exportations de chevaux. Nous dormons dans la tranquillité du port, les fenêtres ouvertes sur le doux va-et-vient de la mer du golf d’Oman. Au matin, nous prenons la route pour Dibab et son Sink Hole, cratère de 40m sur 20, d’eau verte-émeraude et turquoise, dans lequel nous plongeons avec délice et nous faisons picorer les orteils par de petits poissons téméraires ou gourmands, au choix. Il faut dire que nos orteils doivent avoir de quoi les sustenter…
Nous continuons direction la « white sand beach » en contrebas du petit village de Fins et nous arrêtons pour manger notre casse-croûte dans ce site naturel sublime. Un jeune Omanais surgit de derrière les rochers et vient nous montrer une belle langouste qu’il vient de pêcher. Elle est incroyable de couleurs; du bleu turquoise borde sa carapace faciale et du vert rouge et jaune l’embellissent encore. Nous criblons de photos cette pauvre bestiole trépanée…qui nous met l’eau à la bouche. Nous n’avons pas terminé notre casse-croûte sur la plage que notre pêcheur de langouste vient nous proposer de monter dans sa barque avec son acolyte. Ok, nous remballons vite fait notre couverture et bazar divers et embarquons. En fait, nous accompagnons Saïd et Saoud pour la pose des filets qui resteront en place toute la nuit et qu’ils relèveront aux aurores.
Ensuite, nous nous dirigeons vers les filets posés dans la journée pour retirer le tribu de l’après-midi et qui sera leur souper; quatre beaux poissons et emmêlée dans tout ce fatras de mailles serrées, une magnifique tortue verte qui reprendra sa route soulagée de se voir libérée. Nous regagnons la plage et refusons de leur voler leur souper qu’ils nous offrent de bon cœur. Nous n’allons pas emboucaner lec.c de poissons frits, voyons! Plus sérieusement, nous avons hésité à passer la nuit dans cet endroit idyllique, partager le fruit de leur labeur et partir relever les filets avec eux au soleil levant. L’offre était alléchante mais nous avons opté pour continuer notre route direction Raz al jinz et les tortues vertes.
Nous arrivons au centre scientifique des tortues vers 20heures, après avoir réservé notre visite une heure auparavant ( nous sommes chanceux). À 21heures une voiture nous attend, dame Léna étant toujours en béquilles, et nous partons pour la plage, gonflés d’espoir de voir des tortues nidifier avant de retourner à la mer. Les tortues vertes sont une des espèces principales à venir se reproduire sur cette partie de la côte est omanaise. Elles viennent par centaine durant la haute saison, de juin à août pour pondre entre 60 et 100 œufs à la fois. Chaque tortue pond 3 fois dans l’année, en général deux fois en été et une fois en hiver. Nous n’apercevrons que quelques tortues géantes de loin, car elles ne parviendront pas à déposer leurs œufs ce soir-là et il ne faut jamais approcher une tortue avant qu’elle ait commencé à pondre, au risque de la voir repartir en mer, apeurée.
Nous apprenons énormément de choses sur ces créatures dignes de toute notre admiration. Dame tortue verte, car il y a plusieurs espèces différentes dont j’ai oublié le chiffre, donc dame tortue nage et voyage 3 ans durant, du Yémen aux Maldives, selon ses envies et besoins puis revient faire sa belle le long de la côte omanaise durant une année pleine. Là, elle s’accouplera avec divers mâles, y a pas de mal à se faire du bien, et viendra déposer ses œufs sur la plage. Elle attendra sa maturité de 37 printemps pour être au top de sa vie de tortue-femme prête à pondre. 37 années de périls et de dangers certains à éviter pour pouvoir préserver l’espèce (en danger, n’oublions pas de le souligner!). Durant son année de « reproduction », elle viendra par trois fois sur la plage pour nidifier, attendra la marée montante et la nuit pour venir s’échouer sur la plage et se hisser à coup de patte hors de la houle maritime et des sables mous et mouillés. Elle creusera alors un cratère de sa taille avec ses pattes avant puis commencera à creuser le nid pour ses œufs avec ses deux pattes arrière. Elle creusera aussi profond que ses deux pattes le lui permettront. Malheureusement et spécialement en hiver, la laborieuse entreprise de l’élaboration du nid douillet est souvent difficile, d’une part à cause du sable trop sec, séché par le vent du nord et d’autre part, à cause de ce même vent qui souffle le sable dans le nid et le rempli au fur et à mesure que dame tortue le creuse. Elle changera parfois jusqu’à trois fois de place en une nuit et repartira en mer pour revenir la nuit suivante, si son travail n’avait pu aboutir. Si, elle ne parvenait pas à creuser son nid, elle rependrait alors ses œufs en mer, œufs voués à la gloutonnerie des prédateurs marins. Si, au contraire, sa mission immuable est vouée au succès, elle pondra entre 60 et 100 œufs qu’elle recouvrira avec ses pattes arrière puis de ses pattes avant, faisant voler le sable jusqu’à ne laisser qu’une surface quasi lisse à l’endroit même du nid et un grand trou sur le devant, là où rien ne se cache. Ainsi, les renards, prédateurs friands, ne sauront où creuser pour trouver les œufs enfouis à plus de deux –trois mètres de profondeur. Les œufs gesteront durant deux mois avant de donner naissance à une centaine de « tortuceaux » qui devront commencer par faire surface pour se retrouver à la merci des multiples prédateurs, guettant leur lente et laborieuse migration vers la mer ; renards, mouettes, goélands, crabes et autres nous semblent alors de bien vilaines bestioles indésirables.
N’ayant qu’aperçu une énorme tortue la veille, après avoir investi la plage durant 2 heures, presque en silence, parmi une autre dizaine de curieux, nous renouvelons l’expérience au matin. Coucher, 23h30 et lever 3heures 30…Merci à notre mobil hope de nous permettre de dormir sur place. À 4 heures pétantes, nous ne sommes que 6 pour aller sur la plage…en voiture, la cheville de Léna n’ayant pas fait de miracle durant la nuit. Il fait encore nuit et nous assistons à la nidification d’une tortue d’au moins 150 kilos. C’est énorme ! Puis nous assistons au recouvrement de ses œufs qui durera 50 minutes et à sa lente progression vers la mer libératrice. Nous aurons aussi la chance d’accompagner, à distance respectueuse, 5 autres tortues gigantesques jusqu’à la mer. Notre guide qui a trouvé une petite tortue égarée, la remet à Tom qui la dépose dans la mer, heureux, avant de la voir se faire happer par une mouette rieuse ( ricanante). Petit chagrin et apprentissage de la loi de la nature. Je pense que pour nous tous cette expérience a été unique. Observer ces gigantesques tortues « carapacées » et pourtant si vulnérables se lancer au défi de cette terre ferme et dangereuse, voir leur lente avancée périlleuse et leur laborieux travail de fondation, de ponte et de recouvrement, entendre leurs soupirs, patienter avec elles le temps de leur récupération, imaginer leurs larmes couler aux coins de leurs yeux, reprendre avec elles le long et méticuleux travail de protection des œufs, preuve d’amour et de conscience du danger alentours, puis suivre en retrait leur lente progression libératrice vers la mer, sera à jamais gravé dans nos mémoires. Se dire que ces créatures marines naufragées de la préhistoire répètent inlassablement ce cycle de vie, investies de la responsabilité de la continuité de l’espèce, et ce, envers et contre tout soit, sans parenthèses, notre malveillance humaine outre les autres prédateurs naturels est ENORME. Ce voyage au cœur de l’intimité de dame tortue aura été un voyage au long cours, sans détour…
Nous avons tout de même conscience de notre « voyeurisme » effrayant dans un moment d’une telle intensité et nous entendons autrement le message des guides que ce qu’il suggère.En fait, une tortue qui a commencé à pondre continuera sa mission jusqu’au bout. Donc nous la dérangeons, l’apeurons même certainement au moment où elle est la plus vulnérable et ne lui laissons d’autres choix que d’être à la merci de notre curiosité. Mais malgré notre conscience, si c’était à refaire, nous le referions, avec le plus grand respect.
À 6h45 nous réintégrons notre Mobile Hope et sautons dans nos draps sales pour un petit dodo supplémentaire. Nous émergeons vers les 10heures, et brunchons tranquillos, un peu vaseux. Nous reprenons la route vers le nord pour une petite excursion sur la plage de Al Habad ou nous rencontrons quelques jeunes omanais qui ramassent des coquillages et les offrent à Léna et Tom en complément de leur pêche miraculeuse. C’est vrai qu’à Oman les coquillages sont splendides. Philou amène le parchemin et les mains se délient pour des rêves en langue arabique que nous ne comprenons pas pour le moment.
Nous descendons vers le sud jusqu’à Al Ashkharah, village pittoresque de pêcheurs et de culture bédouine. Nous bivouaquons sur la plage et nous faisons offrir 5 poissons, dont deux dorades, pêchés par deux omanais venus du désert. Ils nous montrent leur butin et nous sommes verts; alors que nous nous sommes préparés un steack hâché-légumes-pain succulent avec un bon verre de kubi des Émirats et que nous l’ayons mangé, nos deux voisins de plage ont pêché plus d’une vingtaine de poissons et en ont grillé certains pour leur souper. Nous sommes loin d’être aussi efficaces. Bon, ce soir c’est fête ; nous avons bu deux riccards bien dilués et un grand verre de rouge. Nous sommes cuits! Comme quoi, le voyage c’est la santé! Nous ne supportons plus l’alcool…
Au matin, Philou et Tom préparent sur la plage le poisson reçu la veille au soir et après un petit déjeuner frugal nous partons en direction d’Ibra, quittant la côte pour l’intérieur des terres arides et des dunes de sable qui s’acoquinent aux monts déchirés de rocs ocres et bruns. Nous nous arrêtons en route visiter une vieille mosquée aux 52 dômes lissés se détachant dans le ciel. Nous roulons dans un paysage désertique et empruntons la route sinueuse et raide en direction de Wadi al sadi, petit havre de paix. Nous arrivons dans un décor paradisiaque; palmeraie et canyon de pierres rouges, blanches et ocres entre lesquelles coule la rivière et forme de véritables piscines naturelles aux eaux tièdes et cristallines. Les bassins naturels sont entourés de palmiers et de végétation diverse. Comme nous arrivons en fin d’après-midi nous n’avançons pas jusqu’à la grotte perdue dans le fond du défilé et profitons de nous faire une petite baignade au soleil couchant dans un des bassins naturels. Nous nageons entre les rochers en solitaires. Nous allons nous parquer un peu plus haut devant le centre touristique fermé mais qui offre une vue imprenable sur la palmeraie en contre-bas et les petits villages alentour. Nous festoyons sous le ciel étoilé, savourant nos dorades et autres poissons aux noms inconnus mais succulents. Un peu plus tard, alors que nous finissons notre repas viennent à notre rencontre de jeunes garçons qui ont dû nous apercevoir depuis leur village en dessous. Ils arrivent timides, nous saluent et finissent la soirée avec nous. Nous échangeons des images sur iPhone et découvrons les images du wadi en saison de mousson. Impressionnant. Philou passe sa soirée à copier des musiques sur la clef USB d’Amir pendant que Mohammed tapote sur son ordi. Il étudie la psychologie à Muscat et repartira demain matin de bonne heure pour la capitale. Ainsi s’écoule paisiblement le temps.
Au matin nous remontons le wadi jusqu’aux grottes. Merci Tom d’avoir pensé aux lampes de poche ainsi nous avons pu pénétrer dans la noirceur de cette grotte au long couloir que nous traversons mis-rassurés, à quatre pattes ; la chaleur augmente d’un coup de manière phénoménale et le bruit sourd d’un torrent souterrain gronde au loin. Les enfants et moi nous arrêtons là, assez fiers de notre enfoncée aventurière alors que Philou, tel un héros d’Indiana Jones continu dans les profondeurs noires du couloir qui s’élargit, en ayant pris soin de nous demander de rester là, héros ok mais pas fou. La chaleur est étouffante et moite et nous voyons sa lumière disparaître au loin. Après quelques minutes il nous dira être arrivé dans une grande salle avec en contre-bas le torrent tumultueux, un bruit assourdissant et une chaleur extrême. Il nous revient dégoulinant et content de retrouver l’air un peu plus frais de l’extérieur. Allez, assez de claustrophobie, nous allons nous jeter dans les bassins cristallins et nous laissons glisser le long des toboggans naturels. Nous quittons cet endroit idyllique au grand regret des enfants qui aimeraient y camper, apporter le grill, les duvets et tout le tralalas et se faire un coin douillet entre les rochers…Uhm nous avons besoin de nous connecter à la réalité de notre shippement pour l’Inde et donc préférons avancer. À Ibra nous allons à l’internet café et découvrons de nouvelles dates pour le shippement, soit le 25 décembre et devons être à Dubaï le 22 (oups nous sommes le 18 déjà) soit le 5 janvier…ce qui nous laisse encore 3 semaines et qui est un peu long…Bref la nuit porte conseils tant et si bien qu’à 3 heures nous ne dormons plus et reprenons la route pour Mascate et son Garage Iveco que nous avons finalement localisé sur la carte. Arrivé à 5h30 devant les grilles nous redormons quelques heures puis amenons notre maison pour sa révision des 20 mille. Nous sommes invités à rester dans une petite pièce climatisée et profitons de faire les leçons et de tapoter ces quelques lignes…Iveco, sur la route de Niswa ( cf rubrique pratique) nous écrit une jolie lettre mentionnant qu’ils sont heureux de nous offrir notre révision des 20’000 et qu’ils souhaitent à Léna, Tom Nadja et Philippe un bon voyage conduit par leurs rêves.». Merci encore.
Nous quittons Iveco pour aller visiter la grande mosquée offerte par le sultan Qaboos pour marquer sa 30ème année de règne. La Mosquée est splendide, gigantesque et ses jardins appellent à la sieste et la sérénité. Nous continuons direction la marina où nous avons rdv pour aller voir les dauphins et faire du snorkling. Nous sommes ravis de notre sortie en mer où nous avons pu admirer plus d’une vingtaine de dauphins jouant à cache-cache avec notre bateau. Incroyable et tellement beau. Nous regagnons les côtes pour aller snorkler dans de petits lagons naturels et avons l’honneur d’accompagner quelques dames ou messieurs tortues dans leurs pérégrinations aquatiques, de nager au milieu de nombreux poissons colorés et d’observer à quelques mètres en dessous de magnifiques calamars géants. Décidément, la nature nous offre tant de cadeaux ; nous rêvons que le monde la respecte davantage…
Nous avons reçu un message de Laurent, un ami genevois, qui est à Oman pour un tour exploratoire et qui nous a invités à le rejoindre à Birkat Al Mawz pour monter passer la nuit sur le plateau de Saiq que nous ne pouvons atteindre qu’en 4X4. Cette rencontre improbable nous amuse bien et c’est avec plaisir que nous roulons nos couettes et paquetons nos pyjamas et brosses à dents pour notre virée montagnarde. Laurent vient nous chercher ; nous empruntons la route de nuit et rien que le tracé des luminaires nous donne une bonne idée de la montée et de la descente vertigineuse. Un chek point est d’ailleurs positionné en bas de la route afin de s’assurer que tous les véhicules empruntant cet axe soient pourvus de 4 roues motrices. Cette condition a été imposée suite à de nombreux accidents dramatiques survenus lors de la descente du plateau par des chauffeurs de voitures normales qui n’utilisaient pas leur frein moteur et dont les freins avaient lâché…Brrr, on frissonne rien que d’y penser. Nous sommes accueillis dans un petit appartement par Antoine, un français implanté depuis deux ans en Oman et ayant monté sa propre agence de tourisme, Niswa tours. Nous passons une agréable soirée à parler en français et le lendemain ils nous emmènent visiter un petit village et ses cultures en terrasses. Le système d’irrigation sillonne à travers toutes les terrasses et permet aux villageois de cultiver du blé, du mais, du fourrage pour les chèvres, des herbes diverses, aux pieds des grands palmiers aux dattes succulentes. Le vert chlorophylle des cultures tranche sur les roches arides et offre un contraste saisissant. L’endroit est surprenant et offre un magnifique point de vue sur une partie de la région. Nous nous arrêtons pour pic-niquer dans un wadi avant de reprendre la route, sa descente infernale et grandiose. De retour à Birkat Al Maws, nous montons admirer les vieux villages abandonnés aux maisons de pierres et de boue séchée, à flanc de montagne et la grande étendue verte de la palmeraie où nous apercevons quelques beaux spécimens d’oiseaux ; le rollier d’Inde, bleu turquoise et le guêpier d’Inde, vert fluo. Magnifiques. Après avoir réintégré notre camping-car nous suivons nos « guides » jusqu’à Niswa. Nous passerons une nuit dans le même hôtel que Laurent, ayant pu donner nos draps et sacs de lessives à laver et à récupérer le lendemain. Nous partons avec Laurent qui parle arabe, à la recherche de gaz que nous ne trouverons toujours pas ; nous nous disons que finalement ce n’est peut-être pas plus mal, le gaz est certainement interdit pour le shippement du c.c. Allez, on se console ainsi.
Le soir , nous nous retrouvons tous pour déguster de nouvelles saveurs plus ou moins agréables ( le poisson séché est un peu fort à mon goût) assis sur les tapis d’un restaurant original. Ici, pas de grande pièce, ni de tables et de chaises, mais des petites salles au sol recouvert de tapis et de gros coussins. Dans le couloir, devant chaque porte, s’amoncellent les chaussures des uns et des autres. On sait alors que la place est prise. Comme en Iran, en Syrie, en Turquie Kurde ou au Kurdistan turc, la nappe soit ici une pièce de plastique, est posée sur le sol et accueille les plats divers et quelques cuillères à soupe.
Le soir, nous faisons nos adieux à Antoine que nous remercions encore pour son accueil chaleureux et la belle journée passée, guidés, informés sur la vie omanaise, la faune, le terroir. Quant à Laurent nous le quittons à l’hôtel en nous disant, à dans un an ou deux, vu qu’il se lève aux aurores et que nous sommes nous, bien décidés à profiter de nos grands lits. Demain, c’est « grasse mat ». Alors quelle n’est pas notre surprise de le voir assis devant l’hôtel à 11heures du matin ! Sa voiture a lâché et il nous a attendus se demandant ce que nous pouvions bien fabriquer jusqu’à ces heures tardives. Nous partons ensemble visiter le fort de Niswa qui a été entièrement rénové et dont le musée intérieur offre une belle image de la vie omanaise traditionnelle. Agriculture, irrigation, chaudronnerie, et autres aspects de la vie omanaise sont expliqués à travers de petites vidéos d’excellente qualité.
Nous nous séparons en fin de journée et partons visiter la ville d’Al Hamra, qui est apparemment une des plus vieilles cités d’Oman. Sa vieille ville implantée en bordure de la palmeraie est constituée en bonne partie de maisons en pierres recouvertes de boue ; Une charmante jeune fille, qui n’a en fait que 10 ans mais en paraît 15, nous invite à visiter leur ancienne maison qui semble servir de grenier sur plusieurs étages. Les pièces sont petites et réparties autour d’un escalier sur 4 étages, les murs et le sol sont en terre nue. Elle nous emmène ensuite dans la maison de son grand-père qui nous invite à partager un café omanais ; léger, parfumé aux épices. Nous suivons le conseil d’Antoine et grimpons la route jusqu’à Misfat Al Abryeen pour la nuit. Au matin nous visitons le village et ses plantations. Nous admirons la palmeraie implantée dans ce canyon vertigineux et ses bananiers aux régiments de bananes encore vertes. Quelques manguiers, citronniers et parterres d’oxalys complètent le tableau. L’eau suit le chemin des canaux ouverts. Ici il fait doux et le calme règne. Nous observons un vieil homme descendre le long des sentiers escarpés, des marches biscornues et longer les murets de pierres saillantes, tâtonnant avec sa canne et avançant lentement, avec incrédulité. Il doit connaître ces parcelles et terrasses par cœur pour pouvoir s’aventurer là en aveugle. Et nous qui avons le pied hésitant avec nos deux yeux grand ouverts…Nous partons découvrir quelques perles de la région d’Al-Dakhiliyah. Nous n’aurons malheureusement pas le temps de découvrir le Grand Canyon d’Arabie, nous louperons de 5 minutes le départ du train pour les grottes d’Al-Hoota et n’attendrons pas 14h00 pour le suivant, ne visiterons pas Bahla si ce n’est au travers des fenêtres du camping-car, mais nous découvrirons bien d’autres belles choses et gardons les autres pour notre prochain voyage en Oman, dont la région du Dhofar, au sud, à visiter en été.
Nous traversons Bala sans nous arrêter et allons visiter le fort de Jabreen qui sera le plus beau fort que nous ayons vu en Oman.
Notre shippement pour Bombay semble se préciser et nous fonçons en direction des Émirats. Oman c’est fini…pour l’instant…
En résumé, nous pouvons dire qu’Oman est un pays splendide et sauvage, authentique, serein, riche en culture et traditions. Les femmes sont quasi invisibles de la scène sociale. Nous les croisons parfois dans les marchés ou devant leur porte, mais nous avons l’impression de baigner dans un pays d’hommes. Habillés de leur longue djellaba blanche, brune ou indigo, coiffés en général d’un petit chapeau décoré ils marchent, nonchalants, discutent assis par terre et souvent, observent la mer. Beaucoup d’Indiens travaillent sur les chantiers, les routes, dans les bureaux, les magasins, etc. Nous nous demandons quel est le pourcentage d’Indiens par rapport à la population autochtone. Les côtes, plages, criques invitent le visiteur à la baignade et la détente dans un contexte encore vierge des bus touristiques ou autres tours opérateurs. Les villes sont souvent étendues ; il est parfois difficile de savoir où se trouve le centre et relier un point à un autre nécessite généralement d’avoir un véhicule (ou taxi). La plupart des endroits que nous avons visités sont bien entretenus et propres, mais nous réalisons que sans tous ces Indiens nettoyants les détritus laissés parfois à 10 mètres d’énormes poubelles, le constat écologique serait aussi désastreux que dans la plupart des pays visités. Nous découvrirons les plages polluées et les villages de sacs plastique, plus au sud en longeant la côte de Raz el Jin à Al karhrada.
Oman est un pays à visiter avant que le tourisme n’éclate et envahisse les sites naturels sauvages. Trekking, tours dans le désert en 4×4 et découverte des wadis et oasis, bord de mer, découverte de la faune marine, terrestre, des oiseaux ; Oman est un petit paradis pour tous les amoureux de la nature et du grand air. Nous ne connaissions même pas l’existence de ce pays avant de préparer notre voyage et vous conseillons vivement de venir le visiter avec l’esprit du campeur éco-responsable. (même s’il faut un 4×4, je sais). D’ailleurs, à ce sujet, nous avons un ami, Laurent, qui vous préparera avec son contact sur place, Antoine (Niswa tours), un voyage de rêve à la carte et de qualité, nous avons déjà testé pour vous au Maroc; domicilié à Genève Laurent et son agence Baraka Voyage est une bonne adresse pour les voyages individuels et en petits groupes, concoctés comme une bonne recette de grand-mère en fonction du goût du client et de son désir d’aventures. (www.barakavoyages.com) Fin de la page publicitaire.
À la frontière, lors de la fouille on nous demande si nous avons du whiskey ou de la bière et nous répondons négativement vu que nous n’avons que du vin rouge et du 5x 10 +1. Ouf, pas de vérification. Nous quittons Oman presque certains d’y revenir dans quelques années.
Salut jolie famille, que de belles photos avec “l’oeil” de Phiphi. Les enfants ont grandi, blondi, bronzé. C’est toujours avec une certaine nostalgie que je vous vois, vous êtes beaux et vous avez l’air heureux ;O)
Gros gros bizzouxx des troupes.